Bien sûr je suis Dieppois, Normand, Français.. Mais j’avoue que je suis un peu Anglophile. Mais alors, qui ne l’est pas? Rappelez-vous simplement les millions de personnes dans le monde qui se sont connectées au mariage royal.. Entrez dans magasins Harrods et vous êtes submergé de touristes du monde entier, bousculant pour ramener un morceau de la Grande-Bretagne à la maison avec eux.
J’ai une fascination embarrassante pour tout ce qui est typiquement britannique. Je suppose que cela a dû être l’exposition à la culture et à l’histoire britanniques auxquelles j’ai été soumis lors de mon passage à Hong Kong. Lorsque j’ai visité le Royaume-Uni pour la première fois il y a plus de 20 ans, j’ai vécu quelque chose qui ressemblait à un retour aux sources. Voilà à quoi ressemblait un vrai London Cab! Et Buckingham Palace! Et Piccadilly Circus! Et la Tamise! Je me demande combien d’autres Dieppois, Normands, Français ou citoyens du monde ont ressenti la même chose que moi (et le ressentent toujours).
Ironiquement, la plupart de ce que les étrangers comme moi croient être typiquement britannique à propos de la Grande-Bretagne n’est guère britannique, en raison d’une saine prédisposition à la privatisation instituée dans les années 80 par le gouvernement Thatcher.
Commençons par Harrods – que la plupart des grands magasins britanniques et détenteurs de mandats royaux ont fourni en biens à la famille royale pendant la majeure partie du 20e siècle. Détenu depuis 1985 par l’homme d’affaires égyptien Mohammed El-Fayed, dont le fils Dodi El-Fayed était très célèbre dans cet accident de voiture mortel avec feu la princesse Diana, Harrods a été vendu, le 8 mai 2010, à la Qatar Investment Authority. En d’autres termes, Harrods est désormais une entreprise très Qatarie.
Un autre grand magasin typiquement britannique (et mon préféré), Fortnum & Mason, a été acquis par un homme d’affaires canadien en 1951 et est resté dans sa famille depuis lors. En vous promenant dans les étagères exquises mais légèrement exagérées de conserves et de friandises britanniques twee – toutes fabriquées en Grande-Bretagne -, vous ne penseriez jamais à deux fois aux références canadiennes de Fortnums. Ou peut-être que vous le feriez, car aucune véritable entreprise britannique ne fétichiserait et ne fantasmerait autant sur la britannicité que Fortnums. Soit dit en passant, un rapide coup d’œil dans le restaurant du dernier étage pendant son thé à guichets fermés révèle qu’il est peuplé de Chinois, d’Américains, de Russes, de Japonais, de Coréens, de Français bien sur (c’est-à-dire moi-même) et d’autres touristes. Pas un Britannique en vue.
Ensuite: le bus rouge à impériale omniprésent – le symbole national du Royaume-Uni lui-même – dément un réseau complexe d’opérateurs privatisés sous contrat pour exploiter des services de bus pour des itinéraires spécifiques dans la ville. Ces opérateurs sont diversement britanniques, Français (notre RATP – Regie Autonome des Transports Parisiens), Allemands (Arriva plc, propriété de la Deutsche Bahn) et même singapouriens (ComfortDelGro), rendant ce symbole national britannique à peine britannique! Alors que tous les bus sont tenus de conserver leur couleur rouge – les logos très subtils sur le côté du bus les trahissent.
Même la plupart des symboles britanniques – la famille royale, ne sont pas vraiment d’origine britannique, mais d’origine allemande (hanovrienne), ayant été appelée la maison de Hanovre et la maison de Saxe-Cobourg et Gotha au 19e et au début du 20e siècles avant d’être rebaptisée Maison de Windsor pendant la Première Guerre mondiale (afin de séparer la famille de ses racines allemandes).
Je fais le lien bien sûr avec les évènements du 19 Aout 1942, le transmanche, l’architecture du quartier Saint Pierre, et tous les liens forts qui unissent Dieppe et les Anglais, depuis très longtemps. Se promener dans Dieppe s’est finalement respirer un peu de cet esprit Britannique que beaucoup de Français rejettent mais qui au fond de nous nous séduit tant.