La bascule de ma vie Parisienne pour une vie entre Dieppe et Paris a profondément influé positivement sur mon bien être. Vous remarquerez l’importance de la sémantique : je ne suis pas entre Paris et Dieppe, mais entre Dieppe et Paris. La nuance est de taille, je me sens et je suis Dieppois, fièrement. Non pas que le lieu seul suffise à transformer une situation, mais surtout il m’a permis de concrétiser et de mettre en pratique ce que j’étudiais dans les livres jusqu’alors, le jardinage.
En réalisant mon jardin je me suis réalisé, rien moins que ça. Tous mes proches connaissent cette envie qui m’anime de me rendre dans mon jardin, de constater l’avancement des plantations ou les dégâts causés par les oiseaux ou limaces, de humer l’air matinal baigné des senteurs mêlées d’herbes et d’humus (et aussi des senteurs de café de l’usine Nestlé que les Dieppois connaissent bien, mais c’est une autre histoire..).
Pour expliquer pourquoi j’aime jardiner, je ne vous ferai pas l’affront de m’auto-congratuler quant à ma modeste participation à un monde plus écologique, plus respectueux de l’environnement et plus local. Mon bilan carbone est catastrophique, je n’en suis pas fier mais c’est une réalité. Mes nombreux déplacements professionnels, mes allers et retours entre Paris et la Normandie, mon gout prononcé pour la viande rouge, ne font pas de moi un moteur de la transition écologique.
Maintenant que je jardine, j’ai remarqué des similitudes très fortes entre ma façon d’organiser mon jardin et ma personnalité. Mon potager n’est pas ‘classique’, il n’est pas une étendue lisse de terre sur laquelle aucune herbe ne pousse, il n’est pas propre dans le sens ou un nettoyage n’y est pas effectué. Mon jardin ressemble plus à une zone où se mélangent les légumes, les fleurs, mais également du foin étalé au sol, une zone ou les déchets de la cuisine nourrissent les insectes et limaces, les bricolages faits de matériaux de récupération pour soit mettre en place un système d’arrosage, soit créer une serre pour les légumes du soleil.
Je constate donc que mon jardin correspond parfaitement à ma personnalité, une zone de créativité qui s’affranchit parfaitement du regard des voisins qui pour certains le trouvent original. Je suis mon jardin, il est à mon image. Je vous avoue ne plus avoir le même regard sur les jardiniers qui ont pour principe la propreté absolue, l’éradication de tout insecte non productif pour la toute prochaine récolte, ou encore l’utilisation de produits chimiques. Loin de moi l’idée de critiquer ou de porter un jugement de valeur, cependant les perceptions divergent… beaucoup.
Ainsi, étant le reflet de ma personnalité, je conçois le jardinage comme un moyen d’expression permettant à quiconque regardant la ‘zone’ de comprendre qui je suis. Un jardin ne ment pas, il reflète le laisser aller de son propriétaire comme le cas échéant les attentions extrêmes qu’il lui porte.
A la différence des autres moyens d’expression, le jardin a cette particularité d’être en mouvement, vivant. Il continue d’évoluer en l’abscence de son jardinier. Contrairement au sculpteur, au musicien ou au peintre, le jardin n’a jamais de fin, il n’est jamais terminé, jamais abouti. Je ne fais ici pas référence bien sûr aux jardins de Le Nôtre qui respectent un dessin et une organisation géométrique précise, mais bien du jardinier amateur tel que moi.
C’est donc initialement une volonté égoïste d’épanouissement personnel qui m’a amenée à jardiner, et j’avoue m’épanouir par ce loisir. Bien entendu, ce loisir s’accompagne de solides convictions sur la nécessité d’avoir une alimentation saine, de se réapproprier le cycle et le rythme naturel des saisons, ou encore de connaitre le plaisir d’offrir des légumes sains à ma famille et à ceux qui m’entourent.
Dans ce parcours de jardinier, je suis passé par plusieurs étapes. J’ai d’abord appris par des livres et vidéos, puis pratiqué et commencé à apprendre (j’apprends toujours), et je commence maintenant à m’ouvrir sur les autres en communiquant sur mes réussites et échecs, et en permettant à des néophytes de franchir le pas et eux aussi de commencer à jardiner.
Un autre aspect important du jardinage que j’avais sous-estimé au départ est qu’il me permet de marquer une pause dans ma vie de consultant travaillant trop, c’est un croche patte au temps qui passe trop vite. J’y trouve également le coté rassurant de ne plus subvenir uniquement au monde extérieur pour subvenir à mes besoins alimentaires, et comme je suis anxieux cela me permet de me sentir plus serein pour mon avenir.
Récemment j’ai posté sur les réseaux sociaux un dessin présentant un adolescent effaré de découvrir que son grand père voulait lui faire manger des légumes cultivés dans la terre. Je l’ai initialement posté car je le trouvais drôle, et à ma grande surprise beaucoup de commentaires que je reçu venaient de jeunes qui justement se reconnaissent dans les valeurs du jardinage. Surement avons-nous en commun la plupart de ces valeurs, et je reconnais avoir eu une prise de conscience plus tardive qu’eux concernant la question environnementale. Ces réactions m’amènent maintenant à une nouvelle étape de mon raisonnement, comment démocratiser le jardinage auprès des plus jeunes? N’hésitez pas à me faire part de vos propositions..
3 réponses sur « Je jardine, donc je suis »
You see your garden in the same way I do Patrick. My garden has become even more important to me whilst having cancer treatment and during lock down. I grow several types of soft fruit and have encouraged wild flowers in the lawn.
Gardening is indeed a way to be connected again with the simple pleasures of life.. Do you know Charles Dowding? He is very involved in gardening as well, and is actively promoting ‘No Dig Organic Gardening’ through his YouTube channel. I learned a lot from Charles’s videos, and to some extend I do garden the same way as Charles.
I don’t dig my raised beds but I picked that up from a contact who practices permaculture. I will watch Charles’ YouTube videos though.